Publié par : hirofarepote | juin 14, 2015

Polémique sur le Contrat d’Accès à l’Emploi (C.A.E.)

Pour le premier collectif budgétaire de l’année 2015, la polémique politicienne s’est focalisée sur un abondement de la dotation réservée au Contrat d’Accès à l’Emploi (C.A.E) et votée au budget primitif 2015, déjà très importante, pour un montant supplémentaire de 500 millions de F CFP.

Dans un contexte d’absence d’indemnisation du chômage et de Revenu de Solidarité Active (RSA), cette nouvelle mesure était et est considérée comme une mesure nécessaire dans la transition vers une sortie de crise.

De ce point de vue, on s’inscrit davantage dans la tradition française des « emplois aidés »que dans la tradition anglo-saxonne où on laisse les entreprises créer des emplois. En métropole, la facture des 550.000 emplois aidés pour 2015 s’élève à près de 400 milliards de F CFP… Une paille financée par l’impôt sur les entreprises et les ménages….

En 2014, l’objectif de 3000 CAE était visé et à priori atteint. A raison d’environ 1,2 milliard F CFP pour 1000 CAE, la collectivité aura mobilisé l’équivalent en année pleine de près de 3,6 milliards de F CFP en faveur de cette mesure d’emplois aidés sur fonds publics. Cette année, certains auraient voulu atteindre 3.500 CAE, voire 4.000, ceci pour accueillir de nouveaux entrants dans le dispositif, car n’oublions pas que la durée du CAE est d’un an, renouvelable une fois, et qu’il est difficile de résister à la pression de le renouveler…

Il est clair que le coût de cette mesure, qui représente quasiment l’autofinancement du budget d’investissement du Pays (4 à 5 milliards de F CFP), est difficilement supportable sur le moyen terme. Avec, en outre, le premier inconvénient que le budget affecté à ce programme, s’il aide assurément des personnes involontairement privés d’emploi et soutient la consommation populaire immédiate, ne finance pas l’investissement ou les stratégies sectorielles d’accompagnement du secteur privé que veulent mettre en oeuvre les ministères sectoriels ( agriculture et agro alimentaire, pêche, aquaculture, perliculture, tourisme et économie, logement social, aménagement…) qui soutiennent la commande publique et privée et sont, eux aussi, créateurs de vrais emplois dans le secteur privé.

Il est utile de rappeler à ce stade que le CAE couvre quasiment tous les champs de l’activité publique et privée : entreprises, communes, associations…. A travers ce levier, nos élus, notamment communaux, ont l’impression d’avoir prise sur la lutte contre le chômage par l’emploi aidé. Malheureusement, ils oublient un peu vite que les emplois durables sont créés par les entreprises et que les entreprises ne créent des emplois que si elles anticipent des segments de marché porteurs, une reprise de la demande et donc, des carnets de commande qui se remplissent….

Le CAE n’est pas un nouveau droit, car instaurer ce nouveau droit dans un contexte où le taux de chômage est au moins de 25 %, aurait été beaucoup trop coûteux pour la collectivité. Du coup, in fine, « on ne devient CAE » que par une décision politique. C’est en ce sens qu’il peut dériver vers une mesure clientéliste.

Les maires en place sont donc un puissant lobby à la « distribution » de plus en plus massive de CAE financés sur le budget du Pays.Tout à leur désarroi et à leur sentiment d’impuissance face au chômage massif, le CAE est un élément important de leur boîte à outil et d’aide concrète vis à vis de la population qu’ils côtoient quotidiennement.

Dans le secteur privé, les CAE ont complètement biaisé les politiques de recrutement en main d’oeuvre peu qualifiée de nos entreprises. Plutôt que de raisonner en « emploi normal », nombre d’entreprises raisonnent de plus en plus en « CAE ». Or, en raison de leur volume significatif – quasiment 4 % du total des emplois salariés normaux – les CAE perturbent grandement le marché du travail.

C’est ainsi que, comme je l’ai déjà constaté, le SEFI se transforme de plus en plus en « gestionnaire » de mesures d’emplois aidés et de formation professionnelle, au détriment de l’une de ses missions qui est de mettre en relation l’offre et la demande de travail « normale ».En effet, les offres d’emploi « normal » des entreprises qui passent par le SEFI s’effondrent d’année en année, alors que les demandes d’emploi « normal » explosent.

Ce n’est pas pour cela, d’ailleurs, que le SEFI est capable de nous dire combien d’insertion en emplois normaux ont été opérés à l’issue des CAE. Il se dit que ce taux d’insertion est très faible. Comment pourrait-il en être autrement, quand les entreprises peuvent puiser dans cette réserve de main-d’oeuvre gratuite, ceci dans une période où les carnets de commande sont aléatoires ? Il faut vraiment que l’employeur trouve « la perle rare » pour qu’il consente à recruter un CAE sur un vrai contrat de travail. Sinon, place à un nouveau CAE… qui lui coûte 0 franc par rapport à 180.000 F CFP par mois pour un emploi marchand payé au SMIG.

L’effet d’aubaine des CAE fonctionne donc à plein pour nombre d’entreprises qui voient là un moyen fantastique d’alléger leurs coûts salariaux à bon compte. Avec, autre inconvénient, un effet redoutable de distorsion de concurrence, voire de concurrence déloyale entre entreprises qui savent exploiter le « filon » et celles qui ne le savent pas ou qui ne le peuvent pas. Même les entreprises qui se créent s’y mettent : des CAE plutôt que des « emplois normaux », c’est bon pour les comptes d’exploitation au démarrage de l’activité…

Il est, bien sûr, temps de mettre le holà au clientélisme municipal et aux effets d’aubaine que provoque le CAE. Temps de maitriser cette mécanique infernale qui perturbe grandement le marché du travail polynésien.

Cette maitrise passe par l’énoncé de critères plus restrictifs d’accès à cette mesure, par une réduction progressive du volume de CAE et par un maintien des autres mesures d’emplois aidés, tels que l’apprentissage. Tant qu’à maintenir des emplois aidés, il serait plus approprié de combiner activité et formation professionnelle, car les bénéficiaires concernés auraient au moins gagné une qualification supplémentaire à l’issue de leur emploi aidé. Le dispositif aurait un coût accru – le coût de la formation – mais il serait alors beaucoup plus qualitatif.

De même, une mesure plus ciblée en faveur de l’emploi et de la formation en alternance des jeunes devrait être envisagée par le gouvernement, avec un ajustement adapté de l’indemnisation et une orientation du placement de ces jeunes vers le secteur de l’économie sociale et solidaire de l’économie polynésienne. Les effets d’aubaine et le clientélisme municipal en seraient grandement limités… au plus grand bonheur des associations qui sont sur le front de la satisfaction des énormes besoins sociaux qu’exprime la population de nos quartiers, de nos îles et du milieu rural de Tahiti.

Le retour à plus d’emploi résulte de réformes pour renforcer la rentabilité des entreprises et encourager l’emploi marchand, diminuer le coût du travail, réduire les freins à l’embauche, introduire plus de flexibilité, diminuer les inégalités au sein du marché du travail entre les ultraprotégés et les précaires, investir dans la formation et l’éducation. De ce point de vue, et avec du recul, la réforme fiscale de 2013 n’a fait que fragiliser davantage les entreprises et les ménages.

Gouverner, c’est arbitrer et faire des choix. Choix de l’ampleur à donner aux dispositifs d’emplois aidés, choix de poursuivre les politiques sectorielles, choix de financer et d’accompagner l’investissement des entreprises, choix d’encourager l’esprit d’entreprise… Ces choix ne doivent pas être exclusifs les uns des autres. Ils doivent être menés de front dans le cadre d’un budget 2015 encore très contraint. Après, il s’agit de différence d’appréciation sur ces arbitrages. Et qu’il y ait des débats à ce sujet est sain pour la démocratie.


Réponses

  1. Bonjour Hiro,
    pas de polémique pour moi mais une vision différente sur quelques points précis.
    – « …financée par l’impôt sur les entreprises et les ménages…. », non, les entreprises ne payent pas d’impôt, ils les font payer par leurs clients. Bien sur les entrepreneurs et actionnaires de société sont aussi des ménages.
    – « … le budget affecté à ce programme, s’il aide assurément des personnes involontairement privés d’emploi et soutient la consommation populaire immédiate, ne finance pas l’investissement », non, car il est préférable que l’investissement soit fait par le privé, alors que la consommation favorise la création d’emploi. Au sujet des investissements, je viens de faire un rappel (sur mon blog) de ce que nous a couté ATN depuis le début, plus de 36 milliards fcfp.
    – « …les emplois durables sont créés par les entreprises … », non, mais comme tu l’écris plus loin, sont créés par « une reprise de la demande et donc, des carnets de commande qui se remplissent…. », c’est à dire les consommateurs.
    Pour tout le reste je suis entièrement d’accord, en particulier pour le côté électoraliste des C.A.E.

  2. De la poule ou de l’oeuf…
    Le consommateur consomme. Il consomme ce qu’il trouve à consommer.
    Celui qui met à sa disposition les produits qu’il désire consommer, c’est le chef d’entreprise. Celui qui se bat pour remplir les carnets de commandes c’est le chef d’entreprise qui essaie d’attirer le consommateur par l’innovation entre autres.
    Le consommateur ne crée rien, il consomme, c’est tout.
    Il peut consommer parce que le chef d’entreprise paye ses salariés qui comme lui payent des impôts qui permettent aux fonctionnaires de consommer.
    Si le chef d’entreprise est « gêné » (impôts, surtaxation, lois du travail etc etc…) dans la bonne marche de son entreprise, il embauche moins et la consommation chute.
    Tout part de l’entreprise et des entrepreneurs, sans eux point de salut. La relance par la consommation ne relance, à terme, que le déficit.

    Les CAE ne font qu’aggraver une situation déjà très précaire;elle n’est qu’une réponse politique à un problème économique; c’est à dire une mauvaise réponse.

    • Bonjour Cricri,
      en effet c’est l’histoire de la poule et de l’œuf. Par exemple, le chef d’entreprise n’embauche pas parce que son entreprise marche bien mais parce que la consommation augmente.
      Voilà une bonne question : qui a commencé, le consommateur ou l’entrepreneur ?
      Mais je crois qu’on tourne en rond, l’un est aussi indispensable que l’autre…

  3. En France, j’ai connu des villes florissantes. Des commerces et des entreprises ouvraient et, bien sur, créaient des emplois. Puis un jour tout s’est arrêté, la base américaine était partie.
    J’ai bien connu aussi une île où, dans les années 1970, n’importe qui ouvrait n’importe quoi et ça marchait à fond. Puis tout a diminué… Le CEP était parti.

    • Bonjour carabasse
      La seule chose que je peux dire c’est que tu dis TOUT HAUT ce que beaucoup n’osent pas (ou refusent) de PENSER TOUT BAS.
      Bravo.

  4. Ce n’était pas la consommation « locale » qui était à l’origine de l’essor économique mais simplement un afflux de capitaux concentré par la volonté des Etats.
    L’argent du CEP et des bases américaines venait des entreprises ou de leurs salariés qui payaient des impôts dans les pays d’origine et qui permettait à ces Etats de financer des programmes militaires en servant des salaires élevés aux personnels locaux.
    Si la consommation était à l’origine de l’essor économique, les gouvernements auraient depuis longtemps « arrosé » la population à grand coup de milliards pour la pousser à consommer.Et pourtant…

    • Bien sur cette consommation qui était bien locale, était financée par l’extérieur (France pour le CEP, USA pour les bases américaines). Mais ces financements avaient bien pour origine les consommateurs de ces pays. Ce qui revient au même. Les gouvernements ne peuvent pas arroser la population à grand coup de milliards pour pousser à consommer puisque leur budget provient justement des impôts sur la consommation. Bref, on tourne en rond… 🙂
      Je pense qu’il faut que chacun soit à sa place et qu’on évite que des capitaux disparaissent dans la nature.

  5. @cricri, désolé mais je partage l’avis de @carabasse, les entreprises n’existent que parce qu’il y a de la demande et que les gens s’endettent pour consommer des biens meubles ou immeubles. Les banques servent à cela, y compris pour les entreprises. Les banques prêtent aux Etats et aux particuliers de l’argent qu’ils n’ont pas et les déficits se creusent autant pour les Etats que pour les particuliers. La monnaie papier ne repose sur rien de tangible et pour soutenir les marchés financiers et pas l’économie réelle les banques centrales impriment de la fausse monnaie. Ils appellent cela des QE ( quantitative easing). Tout est truqué. Les gens comme les Etats sont surendettés et n’ont plus moyen de faire levier avec des prêts qui ne sont plus accordés pour cause d’insolvabilité. Tout repose sur la dette.
    Plus de cash dans l’économie réelle et tout se bloque et le cercle vicieux se met en branle, le chômage augmente, la demande diminue et les entreprises sont asphyxiées que ce soit les industries ou les services, Les CAE sont un moyen d’injecter des liquidités dans les circuits et sont des amortisseurs sociaux à défaut d’indemnités de chômage en Polynésie. Dire que cela est électoraliste est une évidence mais toutes les mesures censés régler la vie de la cité poursuivent également un but électoraliste, il s’agit pour un politique d’être réélu.
    Quant les Etats n’ont plus de cash il mettent en place des crédits d’impôts ou des exonérations de toutes sortes en faveur des entreprises.
    J’ai connu la ville d’Evreux qui s’est effondrée après le départ des militaires US de la base de l’OTAN et effectivement se sont les salaires des militaires et le fonctionnement de la base qui dopaient l’économie de la ville et permettaient la création d’entreprises, de commerces et d’emplois. Idem pour le CEP.
    D’autres exemples foisonnent et la liste de tous ces lieux qui ont connu grandeur et décadence est longue. C’est à l’image du cycle de la vie et les empires s’éteignent de la même façon, une lente agonie mais irréversible comme la vieillesse. Contrairement à ce qu’à prétendu notre président Hollande, ce n’est pas l’offre qui crée la demande mais l’inverse.
    Le capitalisme est à bout de souffle, les 30 glorieuses en métropole comme le CEP ici, c’est du passé et la France comme la Polynésie semblent ne pas l’avoir réalisé. Il faut inventer autre chose, la croissance infinie est un mirage et l’économie de surcroit n’est pas une science exacte. Ni optimiste ni pessimiste, simplement réaliste.

  6. On entend souvent cette phrase toute faite : « La croissance infinie dans un monde fini »; la limite de la croissance sera la même que celle du génie humain, c’est à dire probablement infinie.
    Les inventions sont quotidiennes dans tous les domaines et en particulier dans celui de l’économie (hommage à notre récent prix Nobel). Un autre système se met en place lentement sans que nous puissions l’appréhender entièrement aujourd’hui.
    Le capitalisme est le système le moins mauvais qui permet les ajustements économiques nécessaires (parfois dans la douleur il est vrai).
    L’économie n’est pas une science exacte, à la frontière entre les sciences humaines et les mathématiques, mais elle répond à une logique: les mêmes causes produisent les mêmes effets.
    Le travail crée le revenu qui lui même engendre la consommation: (on ne peut dépenser que ce que l’on gagne).
    Le travail est fourni par l’entreprise donc la production précède la consommation et non l’inverse.
    La ville d’Evreux, le CEP les bases américaines sont des exemples dans lesquels les Etats ont concentré des moyens financiers hors normes permettant l’essor économique local mais ce phénomène ne dure que le temps du transfert de richesses.
    D’autres villes ont su attirer les entreprises qui payent des impôts et des salaires et qui ont permis une croissance locale durable.
    Une relance par la demande peut se concevoir temporairement après des évènements majeurs (guerre, catastrophe naturelle, épidémie..) mais à l’échelle d’un pays, ce genre de relance ne se solde que par une augmentation du poids de la dette pour un bénéfice qui s’atténue rapidement.

    Cas particulier qui confirme la règle: la Polynésie, étant donné notre balance commerciale, notre monnaie (l’euro) et notre niveau de vie, nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter un transfert de richesses de la métropole. Notre niveau d’activité économique est lié au montant de ce transfert: s’il baisse nous sommes en récession s’il monte nous sommes en croissance: un mécanisme économique somme toute assez simple

  7. Bonjour Cricri,
    je crois qu’avec ton dernier paragraphe sur la Polynésie, nous sommes d’accord. Moi je dis, les transferts de la métropole permettent la consommation qui permet la création d’entreprises ; toi tu dis, les transferts permettent la création d’entreprises qui permettent la consommation ; ce qui revient au même. Conclusion pour nous polynésiens : sans les transferts de la métropole (ou d’ailleurs) c’est la récession…
    Nous avons encore un long chemin à parcourir avant d’être « réellement autonome » !

  8. Je complète mon post précédent.
    … c’est la récession, sauf si nous avons une richesse locale ; comme pour la Nouvelle-Calédonie, le nickel . La perle n’a de la valeur que si elle est rare, nous avons vu se qu’a donné une surproduction . Reste le tourisme, si nous arrivons à l’exploiter sur une grande échelle… et peut-être un jour, les nodules polymétalliques ; mais ne rêvons pas trop, les « terres rares » ont de la valeur parce que justement elle sont rares…

    • ia orana
      oe Carabasse tane
      tt le monde

      ou encore le crédit inter entreprise à l’échelle planétaire, si tu sais y faire dit autrement si tu apporte aux entreprises qui le subissent une alternative révolutionnaire (dans le sens changer les pratiques usuelles). Mauruuru

      Te aroha ia rahi
      parahi ana’e
      petites gens

  9. Bonjour @cricri, on va polémiquer sur l’offre et la demande, bien que je ne peut m’empêcher de te signaler que quand une entreprise se monte elle doit obligatoirement faire une étude de marchés pour mesurer sa rentabilité et donc ses chances de succès, et donc ce n’est pas la production qui précède la consommation de la même manière que c’est la demande ou la rareté d’un produit qui défini son prix au delà même de son coût de production. Quand il n’y a pas d’argent il ne peut y avoir d’acheteur (sauf la solution du troc qui revient à la mode) et donc aucune chance de création d’entreprise. La seule solution c’est le crédit, les subventions, les emplois aidés etc… enfin tous ces substituts qui permettent une croissance artificielle basée sur l’accroissement de l’endettement public et privé. Cela se terminant par l’éclatement d’une bulle et une crise, comme celle que nous vivons et qui a débuté en 2008.
    S’agissant de « il ne peut y avoir de croissance infinie dans un monde fini », ce n’est pas une phrase toute faite ou creuse de sens, cela se rapporte aux ressources naturels qui ne sont pas elles infinies et si pour certaines elles sont renouvelables cela prend des millénaires à se reconstituer dans le sous-sol. Cela pour dire que les progrès scientifiques et technologiques ne peuvent pas tout résoudre pour le long terme, bien entendu. Ton parallèle de la croissance économique avec le génie humain ne tient pas. Lorsque la ressource s’épuise il n’y plus rien à faire. Sans rentrer dans les détails, les énergies fossiles ne pourront jamais être remplacées par le solaire et autres éoliennes ou énergies dites renouvelables, en tout cas pas pour une planète dont la démographie devient inquiétante pour sa survie. Et si j’osais, je dirais même que les progrès de la science dans le domaine de la manipulation génétique sont devenus aujourd’hui inquiétants pour le devenir même de l’espèce humaine, du moins celle à laquelle nous appartenons.

  10. @ cricri, en complément je te suggère bien humblement de visionner un docu vidéo intitulé  » Sans lendemain  » qui se trouve sur mon blog :http://www.tahitiparauparau.blogspot.com/
    C’est avec plaisir que je prendrai connaissance de tes commentaires.

  11. Ce que je retiens sur le fond, au delà du spectacle de la « bisbille Flosse Fritch » qui, tout le monde en conviendra, n’est vraiment pas intéressante pour le citoyen lambda, c’est que, pour répondre au problème qui lui est bien le problème numéro 1 de ce pays à savoir l’emploi, on a discuté des CAE pour un montant budgétaire de 500 millions. Je n’ai pas personnellement de compétence et donc d’opinion sur la question de savoir si les CAE constituent la bonne réponse au problème crucial de l’emploi mais quelles que soient les modalités optimales de cette réponse sur laquelle la représentions populaire pourrait s’accorder, cette réponse consommera forcément des ressources budgétaires conséquentes, (même s’il y a certainement aussi d’autres aspects autres que purement financiers à considérer comme la révision de la réglementation touchant au marché du travail,…)

    L’économie (the dismal science!) étant une science « lugubre » de la rareté, ce que l’on donne à l’un, on ne peux plus le donner à l’autre..

    Or par arrêté 1747 CM du 26 novembre 2014, l’actuel gouvernement baissait le prix administré du fioul MDO brulé par les groupes thermiques de l’EDT de 64,336 F/l à 47,836 F/l. Tout récemment, ce même gouvernement, par arrêté 655 CM du 27 mai 2015 baissait de nouveau le prix administré du fioul MDO et portait celui-ci à 32,866 F/l, soit une baisse totale de 31,7 F/l suite aux 2 arrêtés précités.

    Cette baisse génère, pour une consommation annuelle de fioul MDO estimée à 80 millions de litres, une économie de charge réalisée par EDT d’environ 2 500 millions de F par an.

    Cette économie de charge est à mettre en relation avec la légère de baisse d’environ 4% des tarifs de vente d’EDT intervenue le 1 er mars 2015, puisque, selon un communiqué de la Présidence du 23 février 2015, cette baisse des tarifs serait précisément permise par la baisse du prix du fioul, auquel se rajouterait même un prétendu effort exceptionnel de 0,10 F/kWh fait par le concessionnaire, baisse qui générerait une baisse de recettes pour EDT de 860 millions de F, selon ce même communiqué.

    Or, il est fait remarqué que la Cour d’appel de Paris avait, dans son jugement définitif du 1 er juillet 2014, que les clauses tarifaires en vigueur procuraient au délégataire du service, une marge allant au delà du raisonnable …

    Qu’à cela ne tienne, les actions combinées du présent gouvernement (sensible baisse du prix administré du fioul MDO et légère baisse des tarifs de vente de l’électricité) procurent donc en réalité une marge annuelle supplémentaire considérable estimée à 1 640 millions de F par an.
    (2500 – 860).

    Ce cadeau annuel récurrent de 1 640 millions de F représente donc plus de 3 fois la dotation initialement prévue de 500 millions pour la mesure (à tort ou à raison, là n’est plus la question) estimée fondamentale pour traiter le problème n°1 de ce pays qu’est le manque d’emploi. Récemment, on a également appris les difficultés de la maison du diabétique en attente de sa subvention annuelle, usuellement de 15 millions. Le récent cadeau annuel fait à l’EDT permettrait donc de faire fonctionner pendant près de 110 ans la maison du diabétique, durée couvrant l’existence d’un jeune polynésien né cette année quand bien même il atteindrait l’âge canonique de Jeanne Calment!

    L’économie, science « lugubre » des choix dans un univers de rareté. Il faut bien des perdants, tant que nos dirigeants continuent d’agir comme de véritables supplétifs des délégataires de service public qui « tondent ras » les usagers polynésiens : l’emploi problème n°1 du pays, les structures sociales abandonnées…. Il y a des choix, peut être implicites mais bien réels, fait par le pouvoir actuel.

  12. Dans mon argumentaire précédent, j’ai oublié de préciser nonobstant la baisse réelle du prix international du fioul MDO, la subvention via le FRPH pour le fioul EDT s’établissait au 27 mai 2015 à 25,545 F/l.

    Ce montant de 25,545 F/l (improprement intitulé montant de stabilisation dans les arrêtés qui le fixent puisqu’en réalité le transfert de ressource, s’il peut varier en intensité, va toujours dans le même sens, à savoir du consommateur vers l’EDT – entreprise qui absorbe typiquement plus de 70% des subventions du FRPH – essentiellement par un prélèvement additionnel sur le consommateur qui fait faire son plein d’essence ou de gazole à la station service) atteint un niveau encore semble-t-il jamais atteint dans notre pays!

    Avec un coefficient spécifique arrondi à 0,22, cela représente un niveau de subvention de l’électricité produite par les groupes thermiques d’EDT de 5,62 F/kWh, un niveau d’aide et de concurrence déloyale vis a vis des Energies Renouvelables (ENR ). Encore conviendrait-il d’ajouter au précédent montant le coût des externalités négatives (impact sanitaire et environnemental de la pollution locale – NOx et SO2 notamment – et de la pollution globale -CO2-) générées par la production d’électricité par groupes thermiques que l’union européenne évalue a 8 centimes d’euro/kWh, soit environ 10 FCP/kWh. C’est donc en réalité un niveau d’aide et de concurrence déloyale vis a vis des ENR d’environ 15 F/kWh qui est institué par notre gouvernement qui prétend pourtant par ailleurs vouloir promouvoir le développement des ENR.

    Et dire que l’actuel ministre de l’énergie a écrit un plaidoyer pour le développement des énergies renouvelables! (ouvrage très intéressant à lire au demeurant)

    • Ia orana
      oe Olivier tane
      tt le monde

      Édifiant et rageant.

      L’éclairage devient tout différent qd on a l’information, la vraie, en lieu et place du discours de propagande lénifiant que nous subissons au quotidien.

      Mauruuru pour ton intervention

      Te aroha ia rahi
      parahi ana’e
      petites gens

    • @Olivier. Ce que tu dis est tellement énorme que j’hésite à te croire sur parole. As-tu interrogé les principaux intéressés, à savoir le ministère et/ou EDT, afin de recueillir leur version des faits? Qu’en disent-ils?

      • A patata noa. Je ne demande a personne de me croire sur parole. Mon exposé ne résulte en réalité que de la constation de faits incontestables : les 2 arrêtés précités ayant baisse le prix administre du MDO, l’arrête 211 CM du 25 février 2015 relatif à la baisse des tarifs EDT et le communiqué du 23 février de la Présidence expliquant cette baisse. EDT et le Pays ne « s’abaissent » pas à se justifier devant un simple petit citoyen, mais commu(niquent) au (le) citoyen. Et leur communication en la matière est selon moi foncièrement insincère, ainsi qu’il l’a été mis en evidence a maintes reprises sur le site http://www.respectdelusagerpolynesiendeservicespublics.com que je t’invite à visiter.


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