Publié par : hirofarepote | janvier 16, 2010

Où en est l’économie du recyclage en Polynésie ?

Dave Chameides, « Sustainable Dave », a créé le blog  » 365 jours d’ordures » ( 365daysoftrash.blogspot.com). Il est littéralement en croisade contre la société de surconsommation et de gaspillage dont la société américaine est l’archétype, et ce, dans le droit fil du courant de la décroissance. Il s’est mis, par exemple, en tête de recycler le maximum d’ordures qu’il produit par diverses initiatives, notamment la fabrication de composts par des vers de terre ou la lutte acharnée contre le « junk mail ». Résultat : en douze mois, il a généré moins de 14 kilos de déchets non recyclables. A peine, plus de 1 kilo par mois…alors que l’américain moyen en produit 2 kilos par jour !

Pour éviter de se laisser piéger par l’environnement de surconsommation qui prédomine encore aux Etats-Unis, Dave a noté sur une petite fiche les 12 questions à se poser avant de sortir sa carte de crédit :

  • Ai-je besoin de celà ?
  • Est-ce que je ne possède pas déjà un objet qui servira à la même chose ?
  • Est-ce que je peux l’emprunter au lieu de l’acheter ?
  • Est-ce que je ne peux pas fabriquer quelque chose d’équivalent ?
  • Puis-je l’acheter d’occasion ?
  • Puis-je en acheter ou en commander un produit localement ?
  • Puis-je en acheter un qui ait été fabriqué de manière responsable pour l’environnement ?
  • Puis-je en acheter un qui serve aussi à autre chose ?
  • Puis-je trouver quelque chose qui utilise l’énergie humaine au lieu du gaz ou de l’électricité ?
  • Pourrai-je le recycler quand il ne servira plus ?
  • Quel impact le cycle de vie de cet objet aura-t-il sur l’environnement ?
  • Est-ce que sa fabrication ou sa mise au rebut va nuire à l’environnement ?

Dave est bien sûr, un « citoyen pas comme les autres », mais il est certain que pour commencer à avoir une influence sur l’énorme gaspillage actuel, chacun d’entre nous doit se mettre à penser différemment.

Quelle est la situation du gaspillage et du recyclage en Polynésie ?

Ma perception générale est :

  1. que l’on assiste à un relâchement de la discipline de collecte, de tri et de recyclage des déchets ménagers, à commencer d’ailleurs par les entreprises de ramassage des ordures ;
  2. que l’on s’est arrêté en route en matière de filières de recyclage;
  3. que les campagnes de communication qui ont coûté des dizaines de millions de F CFP ne font plus d’effet et que les montants financiers qui y sont consacrés seraient plus utiles dans des initiatives concrètes de collecte, de traitement et  de recyclage.

Une chose est claire : nous venons et nous sommes encore en Polynésie dans une société de gaspillage. Que fait-on de nos vieilles télés, de nos vinis démodés, de nos appareils ménagers, de nos pîles, de nos huiles usées, de nos vieux papiers, de nos vieilles voitures, de nos batteries, des meubles dont nous ne voulons plus…. ?

Certes, la « Société Environnement Polynésien » (la SEP) a mené des actions pilotes de récupération de divers types de « déchets » (piles, verres, carcasses de voitures) , mais elle admet elle-même que le « taux de récupération » , déjà très insuffisant dans de nombreux domaines, se dégrade progressivement.

En conséquence, une vraie « économie du recyclage et de la récupération » est à reconstruire en Polynésie, en l’adossant, entre autres, à des organisations caritatives, à l’exemple de ce qui existe en France métropolitaine ( Emmaüs, Croix-rouge…). Il y a, certes, des initiatives parcellaires ( récupération de vêtements par la croix rouge ou les « soeurs »), mais elles mériteraient une plus grande lisibilité pour que les citoyens puissent participer à la construction de cette économie du recyclage et de la récupération, notamment en faveur d’une grande partie de notre population démunie ( estimée à au moins 20 % de la population polynésienne).

De même, nombre de « déchets » sont en fait des « produits valorisables » et susceptibles « d’être exportés ». On est loin du compte…

Aussi, au regard du choix effectué par la collectivité de centraliser la collecte, le traitement et le recyclage des déchets par la SEP, il incombe à cette société de reprendre l’initiative, de « revisiter » son modèle économique en démultipliant sur des acteurs décentralisés ( associations, petites entreprises privées, porteurs de projets communaux….) les canaux de collecte, de tri et de recyclage des milliers de tonnes de produits recyclables et ou réutilisables après d’éventuelles réparations ou reconditionnements.

Exemple d’initiative parmi d’autres : décréter un jour dans l’année où nous pourrions nous défaire de ce que nous ne voulons plus chez nous et que peut être des voisins voudraient ou que des entreprises spécialisées récupèreraient. Occasion aussi de renouer des liens sociaux qui se perdent… Je n’invente rien : celà existe déjà dans de très nombreux pays.

Vaste chantier qui, j’en suis sûr, peut créer plusieurs dizaines d’emplois, satisfaire des milliers de familles polynésiennes et créer un « courant d’exportations » significatif vers des filières extérieures de valorisation qu’on ne peut créer ou qui n’existent pas localement.

Il incombe aussi aux pouvoirs publics de créer une nouvelle impulsion par des incitations financières ou fiscales adaptées, par l’orientation partielle des mesures d’emplois aidés vers ce secteur du recyclage, par le financement de mini-centres de collecte et de recyclage dont la gestion, encadrée par la SEP, serait confiée à des entrepreneurs privés…

Il y a là un large champ d’initiatives. Le tout est de décider et d’oser. Je suis convaincu que de  très nombreux citoyens répondront à cette démarche de réduction d’un gaspillage aberrant dont ils sont les premiers à se désoler. Il faut leur donner l’opportunité d’effectuer ces gestes citoyens. Voilà un cercle vertueux à démarrer et à amplifier.


Réponses

  1. participation citoyenne active et régulière ,fiscalité adaptée ,règles et efficacité organisationnelle, sanction

    participation active, imposée par la loi ,au ramassage et nettoyage régulier de nos espaces collectifs (bords de route,plages,rivières etc…)

    pourquoi ce qui est fait de temps à autres par des associations ne devrait il pas ètre au final une obligation citoyenne POUR TOUS ….?

    nos égos respectifs ne seraient ils pas la raison de l’inaction flagrante dans ce domaine ?….

    est ce si complexe que celà à mettre en place dans nos communes,nos entreprises,nos administrations,nos écoles ,notre assemblée représentative….

    une réelle participation à commencer par nos élus,chargés de penser , rédiger et faire appliquer les lois et partant du principe que ces dernieres sont d’autant mieux acceptées et appliquées
    lorsque l’exemple vient d’en haut,serait source d’action positive et durable

    Reao,comptant parmis les atolls les plus isolés de la Polynésie,a mis en place sous l’impulsion de son équipe municipale, un système de tri ,de récupération et de réutilisation de matériel dont l’ exemplarité devrait très fortement inspirer les autres communes de Polynésie

    fiscalité adaptée car pour tout ce qui ne peux ètre effectué par des actions citoyennes et relève d’un traitement plus industriel doit ètre financé par un impot direct

    réforme fiscale également sur l’émergence d’une taxation indirecte moins forte ou nulle sur les produits les plus écologiques,les plus vertueux,les plus facilement recyclables les moins énèrgivores permettant d’orienter le choix du consommateur (ex un balai coco doit ètre fiscalement moins cher qu’un balai plastoque et cette différence doit ètre visible en rayon)

    interdiction pure et simple de certains matériaux à l’utilité douteuse ou cédant à la mode trop répandue du  » sans entretien  » (ex des lambris PVC d’aménagement interieur de surcroit extrèmement nocifs en cas d’incendie)

    réorganisation d’une partie de la distribution alimentaire vers des commerces de proximité et marchés municipaux favorisant la vente directe,fraiche sans emballage,misant sur le service ,la production locale bio

    application de règles communales drastiques relatives aux déchets ,telle l’obligation de compostage des déchets organiques,classification et tri plus fin des encombrants,responsabilisation des commerces et
    industriels dans le reconditionnement ,controle de leur application et sanction sévère par les agents communaux existants (pourquoi donc une police verte inutile ) supportés par des Maires volontaristes

    il en va de l’image et de l’état présent et futur du « paradis » sérieusement mis à mal et résultat avant tout de » NOUS « ,  » MOI « qui n’en fait jamais assez et qui ne se pose pas assez de questions ,et pas seulement  » DES AUTRES  »

    ne cessons de rapeller qu’il n’y a aucune fatalité à cette situation,encore une fois elle n’est que le résultat visible de ce que NOUS sommes collectivement , de notre éloignement du principe de limitation inhérent à nos espaces iliens et d »actes de désamour du Fenua

  2. il faut arrêter d’importer n’importe quoi, recycler le plus possible sans compter sur les pouvoirs publics inefficaces et très chers pour peu de résultats.


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