Publié par : hirofarepote | août 21, 2015

Milieu innovant et politique d’animation du développement local

Il ne suffit pas de décréter « innovons, innovons » pour que l’innovation se réalise. Notre environnement local incite-t-il à l’innovation ? Les porteurs de projets actuels ou potentiels existent-ils ? Croient-ils en l’avenir du Pays ? Ont-ils confiance ? Postulent-ils l’existence d’une demande locale ou extérieure à satisfaire selon une nouvelle forme pour une bonne réussite de leurs projets ?

L’environnement fiscal ou règlementaire leur est-il favorable ? Les leviers d’appui publics existent-ils ou doivent-ils être complétés pour inciter ces porteurs de projets à passer à l’acte ? Les ministères sectoriels sont-ils sur le terrain à animer les collectifs de professionnels qui se sont organisés pour mener de véritables stratégies ? Sont-ils à l’écoute de ces porteurs de projets individuels ou collectifs ? Les accompagnent-ils efficacement ? Faut-il attirer des investisseurs extérieurs faute d’initiatives locales suffisantes dans nos secteurs porteurs ? …

Autant de questions très opérationnelles pour une concrétisation de ces projets.

Car l’innovation peut être partout et dans toutes les activités. Les consommateurs, locaux ou extérieurs, évoluent. Les tendances de consommation changent et il s’agit d’anticiper le premier sur l’évolution de cette demande. Cela concerne l’économie de la santé, l’hôtellerie et le tourisme, la « silver économie », l’économie « bleue » ou « verte »,l’économie numérique, les activités de la transition énergétique ( économie circulaire, prosommateur en énergie solaire…), le logement, la mobilité des personnes, les activités de services aux personnes qui prendront de plus en plus de place ( avec les « emplois relationnels » qui vont avec…)….

En économie, rien n’est figé. Au contraire, tout bouge de plus en plus vite, et, dans un contexte de mondialisation et de concurrence de plus en plus intense entre acteurs, tout incite à l’excellence.

Il faut un milieu de fertilisation croisée, un écosystème, des mises en réseau qui articulent milieux de recherche, entrepreneurs, business angels, capitaux-risqueurs, organismes de formation et « administrations de développement » qui discutent conception de projets porteurs et réalisation de ces projets. Une stratégie en réseaux qui vise le marché local comme les marchés internationaux, qui bouscule le fonctionnement « en silos » du chacun chez soi ou pour soi, les cloisonnements administratifs ou ministériels, où , à force de rester dans son coin, rien ne se passe…

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Le grand Papeete peut être la nouvelle capitale de cette fertilisation croisée. Elle y concentre déjà toutes ces activités, du secondaire au « quaternaire » et même, si on le veut du primaire, avec de micro-fermes urbaines hors sol…. Mais reste à combiner toutes ces énergies orientées vers la mise en place de stratégies opérationnelles et ces projets.

Cette alchimie ne se fait pas spontanément. Il faut y ajouter des politiques d’animation et de développement actives de la part du Pays, de la municipalité de Papeete et de grands donneurs d’ordre ( OPT, EDT, autres établissements publics tels que le Port autonome, ou l’OPH, les SEM…). Animation au sein de laquelle la CCISM pourrait avoir un rôle de coordination « efficace » plus important.

Il manque certainement des leviers d’appui concrets pour que de nouvelles « start up » éclosent. A ce titre, l’urgence d’un incubateur se fait sentir. Cet incubateur pourrait déjà accueillir un premier noyau de start up du numérique. Un incubateur qui pourrait, une fois aménagé par le Pays, s’autofinancer par l’accueil des activités et des prestations délivrées aux porteurs de projets. Sa gestion autofinancée pourrait en être confiée à la CCISM, représentation consulaire des entreprises.

Reste aussi à compléter les moyens de financement de ces projets par l’apport en fonds propres ou en « love money » (financement familial ou des amis), le capital-risque, le capital développement, le financement participatif direct des citoyens qui parieraient sur la réussite de tel ou tel projet.

Il y a certainement encore beaucoup d’initiatives possibles pour la matérialisation de cet écosystème favorable à l’éclosion d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Mais ce n’est qu’à cette condition que la Polynésie mutera d’une société administrée et assistée à une société de projets.

La jeune génération polynésienne en a de plus en plus les compétences et les talents. Encore faut-il qu’on la mette en confiance, qu’on lui mette à disposition toutes les facilités nécessaires, que cela soit des outils de financement ou matériels… pour qu’elle se jette à l’eau dans un cadre facilitateur optimal.

Tout un tas de stratégies et de schémas sectoriels ont été élaborés ou sont encore en voie d’élaboration par nos ministères sectoriels et nos clusters. Il reste à mobiliser toutes les parties prenantes au développement, à y mettre les budgets de programmes ou d’intervention nécessaires pour accompagner les acteurs et à déployer ces programmes effectivement sur le terrain.C’est souvent là où le bât blesse…

Après le stade du diagnostic, de la délibération, de la concertation et de la réflexion, il est donc temps de passer à l’ACTION et au déploiement opérationnel de ces stratégies. Larguons les amarres et passons à l’offensive au grand large!


Réponses

  1. Bonjour Hiro,
    de très bonnes questions sur lesquelles on pourra débattre longuement.
    Mais je crois que la priorité serait d’avoir une stabilité gouvernementale d’au moins 10 ans. Comment prendre le risque de se lancer dans la moindre petite affaire quand l’on ne sait pas à quelle sauce on sera mangé le lendemain ?
    Au plaisir de vous lire…


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