Publié par : hirofarepote | août 14, 2012

Sabotage et sabordage : la Polynésie championne du monde !

Alors que se terminent les Jeux Olympiques et que notre tahitienne Anne Caroline GRAFFE s’est surpassée en devenant vice-championne olympique, tirant notre Pays vers le haut, d’autres prennent un malin plaisir à le tirer vers le bas. Le naufrage de l’hôtellerie polynésienne et de notre compagnie aérienne en sont des illustrations terribles. Non seulement nous ne voulons pas affronter nos concurrents à armes égales, mais certains qui n’ont rien compris aux redoutables défis que nous devons relever, s’ingénient à saborder notre économie en usant de manière imbécile et aveugle de leur capacité de nuisance.

Résultat : des fermetures d’hôtels et au moins 150 millions de surcoûts d’exploitation pour ATN, sans compter une médiatisation négative et des reportages sur une destination excessivement coûteuse. Le cercle infernal est réalimenté au grand désagrément des agences de voyage locales, des tours opérateurs, des compagnies aériennes et des hotels qui n’en peuvent plus de remplir un seau troué de toutes parts !

La raison d’être de ce blog créé en 2009 n’en est que plus d’actualité.

Je voudrais en rappeler l’à propos écrit à l’époque : « ….face à la crise économique mondiale qui s’annonce, il est plus que jamais nécessaire de réformer nos structures et nos comportements. La Polynésie française, à l’abri du cocon protecteur de la “Mère patrie”, s’est trop bercée dans l’illusion que rien n’allait changer et qu’elle pouvait s’enfermer dans une routine rythmée par des transferts publics métropolitains toujours plus importants.

La lutte pour le pouvoir local visait essentiellement à contrôler la manne des dépenses publiques par une redistribution conjoncturelle et qui mettait de côté les nécessaires réformes structurelles d’un système économique largement artificiel.

A force de retarder ces réformes, nos gouvernants locaux sont de en plus désemparés face à la crise économique locale aggravée par la crise des finances publiques métropolitaines et la crise économique internationale.

Les temps sont et seront de plus en plus durs.

Il est temps que notre Fenua s’y adapte. Sinon, il sera balayé comme un fêtu de paille dans l’économie mondialisée ».

Fin de citation….

Justement : notre économie touristique sombre dans l’économie mondialisée.

Notre production locale n’est pas compétitive malgré le – ou à cause du – protectionnisme qui sévit depuis des décennies.

Nos exportations déclinent faute de promotion et de stratégie collective de commercialisation digne de ce nom et, ce dans un environnement local particulièrement défavorable à l’exportation.

Notre superstructure politico-administrative n’a plus de marges de manoeuvre et en vient à envisager de démanteler des usines à gaz qui ne sont que cauthères sur des jambes de bois.

Au bon vieux temps des 40 glorieuses, nous pouvions laisser se sédimenter des dispositifs d’aides que le ministre de l’économie vient de chiffrer à 25 milliards de F CFP. Et encore: ce n’est que la face « émergente » d’un très gros iceberg. Un iceberg fait d’interdictions d’investissements étrangers dans certains secteurs, d’interdictions à l’importation, de contingents, de quotas, de subventions, d’exonérations à l’investissement ou à l’exploitation, de défiscalisations nationales et locales à l’investissement cumulables et donc très généreuses, de concessions exclusives, d’interdictions d’implantation de grandes surfaces, d’interdictions de commerçants étrangers, de numérus clausus, de coefficients d’indexation ou de majorations….qui ont abouti dans beaucoup de secteurs d’activités économiques à des monopoles, duopoles, oligopoles, ententes, concessions, rentes perpétuelles et non compétitives, représentations exclusives…. qui brident, sclérosent, empêchent toute initiative économique novatrice.

Une sclérose mortelle pour notre avenir économique et social.

Face à ce diagnostic alarmant, que font nos gouvernants et nos partenaires sociaux ? Ils se renvoient la patate chaude ou se font des procès où la mauvaise foi des uns et des autres est évidente. C’est à qui vendra son « histoire » aux citoyens polynésiens pour masquer ses propres responsabilités.

Alors que la production intérieure régresse depuis au moins 4 ans, certaines corporations continuent à revendiquer comme au bon vieux temps : aveuglement coupable !

Alors que les aides, dispositifs d’intervention et protections sont toujours là, les entrepreneurs affirment que le Pays ne les aide pas : mensonge éhonté qui masque leurs propres insuffisances !

Alors que les citoyens attendent une bonne gouvernance, nos dirigeants sont aux abonnés absents !

Alors que la précarité induite par la destruction de plus de 7000 emplois s’est creusée, nos fonctionnaires indexés et nos salariés d’organismes publics divers et variés veulent continuer à avoir une part plus grande d’un gâteau qui se rétrécit, à l’instar des fonctionnaires communaux et des salariés d’ADT…Ne voient-ils pas que dans un « jeu » à somme nulle, les gains des uns se traduisent par des pertes pour les autres ? Dans un contexte de crise, l’égoïsme catégoriel érigé en règle peut se traduire par la mort – la perte d’emplois – du voisin. On en est là !

Et tout le monde se plaint du coût de la vie. Mais ce coût de la vie est principalement provoqué par les surenchères accumulées ces dernières décennies, celles de 40 glorieuses que nous ne retrouverons plus jamais….Chacun se fait la courte échelle dans la course aux augmentations de coûts et de prix et tout le monde fait mine de s’étonner du résultat ? Allons, allons, soyons sérieux !

Les solutions existent et mon blog en a exposé des dizaines. En ce qui concerne le tourisme, le salut viendra d’une stratégie de filière où tous les maillons de la chaine auront compris qu’une solidarité sans faille, mise en oeuvre sur plusieurs années, permettra de réenclencher un cercle vertueux. Les éléments de base d’une telle stratégie sont les suivants :

  • sur toute la filière : neutraliser toutes les sources de surcoûts existantes et « maitrisables »;
  • transport aérien international : un coût au kilomètre-passager transporté aligné sur les compagnies « longue distance » les plus performantes et une saisonnalité moins marquée au plan tarifaire;
  • hotellerie moyenne et haut de gamme : un rapport qualité-prix des prestations semblable à celui des destinations hotelières comparables et la valorisation d’un patrimoine naturel exceptionnel dans les îles ;
  • hotellerie familiale : des hébergements  » polynésiens » de qualité, non standardisés, un accueil chaleureux … et des prix maitrisés en rapport avec la qualité objective de l’hébergement et de l’accueil « personnalisé »;
  • animations : une diversité et des prix comparables à ceux qu’offrent les destinations concurrentes ;
  • taxis : une tarification au km dans la moyenne des tarifs constatés dans les destinations concurrentes;
  • coûts de touchée de la plate-forme aéroportuaire : dans la moyenne constatée sur les plate-formes comparables;
  • transport aérien interinsulaire : stabilité globale des tarifs sur les 10 ans qui viennent, et baisse des tarifs sur nos destinations insulaires les plus touristiques. On voit notamment que le spot international de Bora Bora est relativement épargné par la crise touristique et on peut comprendre que certains souhaitent un transport aérien international direct sur cette île à l’image touristique bien supérieure à celle de Tahiti ;
  • un duty free digne de ce nom;
  • des lieux de convivialité et d’animations similaires à ceux qu’on trouve ailleurs : ce qui suppose au moins l’aménagement du front de mer de Papeete et de la zone située entre la marina Taina et le Beachcomber, des centres commerciaux dignes d’un pays relativement développé ou un casino à accès réglementé, des sites touristiques sélectionnés et réaménagés aux meilleurs standards…
  • ……

Je me résume: il s’agit d’offrir les mêmes facilités touristiques « classiques » aux mêmes rapports qualité-prix que les destinations concurrentes par un « bench marking » rigoureux, la différence – notre avantage compétitif – se faisant sur notre patrimoine naturel exceptionnel et notre patrimoine culturel original. Toutes les sources de surcoût « non maitrisables » devront être identifiées et relatées aux pouvoirs publics pour que ceux-ci affinent ou complètent leur stratégie d’accompagnement des professionnels.

Le rôle des professionnels du tourisme ? Consacrer des moyens « suffisants » pour la promotion et la commercialisation de leurs produits et services en substitution de l’action du GIE Tahiti Tourisme, organisme qu’il faut maintenant dissoudre.

Le rôle des pouvoir publics ? Accompagner intelligemment la filière par des aides ciblées et régulièrement réévaluées, notamment en ce qui concerne les contre-parties offertes aux clients par les professionnels : détaxations, exonérations fiscales, exonération de charges sociales en faveur du secteur hôtelier en guise de « prime à l’exportation », aide au temps partiel en cas de difficultés conjoncturelles, régime d’extra territorialité pour les paquebots de croisière, détaxation des carburants au bénéfice des compagnies aériennes, aides directes aux tours opérateurs extérieurs ou aux compagnies aériennes par des conventions d’objectifs grâce à la réorientation des ressources affectées jusque là au GIE Tahiti Tourisme…

La responsabilité des salariés et de leurs représentants syndicaux ? Faire preuve de flexibilité en période de difficultés ou de crise et rechercher un intéressement ou une participation aux résultats lorsque la conjoncture est favorable. Mais il faut tourner le dos aux augmentations unilatérales du SMIG, aux indexations des salaires sur le coût de la vie lorsque le PIB régresse et aux avantages divers sans articulation avec la bonne santé de l’entreprise qui les emploie.

Cet intéressement est bien éloigné de la revendication des PNC d’ATN qui souhaitaient que « leur » treizième mois soit investi dans la compagnie. En effet, lorsqu’une compagnie detruit de la valeur par des déficits d’exploitation récurrents, l’avantage exorbitant du 13 è mois est en fait payé par les contribuables. Que les PNC créent d’abord de la richesse au sein de leur compagnie et des bénéfices nécessaires aux investissements de capacité ou de modernisation et qu’ils demandent ensuite un intéressement sur les bénéfices… Là est la vraie logique !

Le rôle des organismes publics ou para publics qui sont des partenaires directs de la filière touristique ? Un pilotage efficace et un management performant qui fasse comprendre aux salariés de ces organisations que tout avantage « exorbitant du droit commun » est « surpayé » in fine par les « clients » ou les contribuables polynésiens beaucoup moins bien lôtis… Clients qui se raréfient du fait, justement, de ces coûts exorbitants… Cercle vicieux dont il faut sortir !

Nous devons retrouver une mentalité de DEVELOPPEMENT SOLIDAIRE !


Réponses

  1. Qu’est-ce que vous entendez par un dutyfree digne de ce nom ?

    • bonjour kriss,

      si le duty free présent à l’aéroport de Faaa s’est modernisé très récemment et a rejoint ainsi ( et très tardivement) les standards internationaux, il n’en reste pas moins qu’il manque encore de diversité et que les prix restent encore élevés comparés aux autres duty free de la région : fidji. auckland, hawaii….

      On peut penser que, certes, les effets de volume jouent dans la fixation des prix, mais la politique de marge du duty free, est, à ce qu’il me semble, libre….d’oû des prix relativement élevés.

      Je disais aussi cela, car j’ai constaté que le duty free d’Auckland, par exemple, permettait aux résidents néo zélandais de retour dans leur pays de pouvoir s’y arrêter pour faire quelques emplettes avant de rentrer à la maison….

      Le duty free polynésien perd donc un gros chiffre d’affaires, car les résidents polynésiens s’approvisionnent dans l’aéroport de départ et non pas d’arrivée.Politique délibérée des autorités ? Volonté de ne pas pénaliser les compagnies aériennes (duty free à bord) ? problème de conception de l’aéroport ?

      Autre problème : les rares produits locaux vendus dans ce duty free sont hors de prix, car les artisans et fabricants locaux pratiquent une politique de prix  » déraisonnables » comparés à ceux de produits
      étrangers comparables: on recherche la marge unitaire plutôt que le volume de produits écoulés. Un effet d’affichage contre productif.


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