Publié par : hirofarepote | avril 29, 2010

Gouverner, c’est aussi décider en faisant preuve de courage politique

Tout va mal : on le sait. Et on n’a pas attendu Standard and Poor’s pour le savoir.

Que les banques prêtent tout ce qu’on veut quand tout va bien et ne prêtent plus rien quand tout va mal, on le savait déjà. Et il n’y a pas besoin de « baisse de notation » de la part d’agences de notation qui se sont fourvoyées avant la crise internationale. Ne dit-on pas que les banques « ne prêtent qu’aux riches » ?

Tout le monde le dit : il faut des réformes structurelles ou, plus intello : « il faut refonder notre modèle économique ». Mais quand il s’agit de dire ce qu’il faut faire précisément, notre élite politico-économico-syndicale se fait tout d’un coup plus évasive.

C’est ainsi qu’à la Caisse de Prévoyance Sociale, nos administrateurs  » réfléchissent » et le Directeur nous dit que  » tout dépend où l’on veut mettre le curseur ». Ils disent tous qu’il faut faire vite pour réformer la protection sociale généralisée et consolider notre système de retraite, mais il n’y a pas de consensus entre eux, si ce n’est de considérer le pouvoir politique comme le bouc émissaire tout trouvé, pour cause « d’instabilité » ou « d’inertie ».

C’est ainsi que chez nos décideurs politiques, en matière de « redéfinition du périmètre du secteur public » (jargon technocratique), c’est la foire aux idées, et on laisse même parler les « techniciens de l’administration ». De manière non exhaustive, j’ai noté :

  • pourquoi pas supprimer les congés administratifs ?
  • pourquoi pas toucher au « régime indemnitaire des fonctionnaires » ?
  • après la suppression des postes vacants, pourquoi pas ne pas remplacer, totalement ou partiellement,  les départs à la retraite ?
  • réduire de 5 % par an la masse salariale pour atteindre une réduction de la masse salariale de 30 % à un horizon de 3 ans ;
  • réduire dans une proportion encore plus importante ( 50 % !!!) les « dépenses de transfert » ( essentiellement les subventions aux « satellites », comme je l’ai entendu dire ce soir) ;
  • pourquoi pas vendre ATN, TNTV et la TEP ?
  • surtout pas, nous disent d’autres ;
  • pourquoi ne pas instaurer l’impôt sur le revenu ?
  • surtout pas de nouveaux prélèvements fiscaux en période de récession économique nous disent d’autres ;
  • il faut sortir  » d’une logique comptable » ;
  • il faut une vision « prospective » et un « cadrage macro-économique », car « secteur public et secteur privé sont étroitement imbriqués ». Si on réduit drastiquement les dépenses publiques, on déprime encore plus l’activité économique ;
  • il faut relancer avec une dose d’emprunts encore plus forte.

Il y a même une mission de hauts fonctionnaires métropolitains qui va nous sortir des idées géniales de son chapeau…. A moins que celà soit un « deal » entre le pouvoir central et notre Président du Pays actuel visant à préparer le terrain pour l’instauration de l’impôt sur le revenu. C’est vrai que c’est plus facile de faire avaler la couleuvre quand c’est une mission de spécialistes extérieurs qui le propose

Bref : quand on est au bord du précipice, tout ce beau monde se met à penser très fort et à haute voix. Et parti comme c’est parti, ils se sont mis en ordre de bataille pour réfléchir quelques mois, tous sur les starting blocks, abréviation du mandat oblige…. C’est d’ailleurs à chaque fois la même chose : à la veille d’une motion de défiance ou d’une échéance électorale, on pense tout d’un coup à faire des réformes. Rappelez-vous de la réforme de la protection sociale, version Merceron ou encore de la réforme fiscale 2010, version Temaru…. C’est vrai que les brasseurs d’air, à l’ère des énergies renouvelables, celà fait tendance !

Il me vient du coup une question toute bête : mais quand est-ce que, bon sang de bonsoir, ces « gens payés pour décider » vont-ils se mettre à décider ?

C‘est vrai aussi que vient tout de suite après une autre question : mais avec qui vont-ils décider ?

La Polynésie peut-elle encore s’offrir le luxe d’attendre qu’ils décident ? Ma réponse est catégorique : c’est non !

Avec une majorité introuvable ou chacun vôtera « les dossiers » selon sa propre conception de « l’intérêt général », le bateau « Polynésie » est mal barré. Alors le capitaine,  vous savez celui qui partira du navire en dernier, gesticule et fait semblant de râmer. Et les préconisations, recommandations, réflexions à voix haute et autres hypothèses s’entasseront sur la pile des projets de réformes avortées.

Pourtant, je croyais que les décideurs politiques avaient pour mission, justement, de décider. Et par les temps qui courent, il s’agit de décider en faisant preuve de courage politique.

Eh oui , on en est là . Il nous faut un « churchill » polynésien qui nous dise :  » chers concitoyens, il nous faut nous réformer en versant du sang, de la sueur et des larmes ». Ce « n’est qu’en allant tous au charbon » que l’on pourra sauver le navire Polynésie.

Un Churchill polynésien qui accepte d’engager sa responsabilité pour construire le nouveau « modèle économique et social polynésien ». Et « si ça casse », il aura au moins le sentiment de partir la tête haute.


Réponses

  1. Bonjour Hiro,

    Le titre de ton post s’intitule « Gouverner, c’est aussi décider en faisant preuve de courage politique ».

    Personnellement, je remplacerai le terme « aussi » par « surtout ».

    En effet, le seul programme politique sur lequel l’élu sera en phase est : « comment me faire ré-élire ». Et en décidant de réformer, ils ont peur de se tirer une balle dans le pied pour le prochain scrutin, alors il préfère tirer une balle dans le dos de la population, en ne décidant rien, et en laissant dépérir des situations devenues catastrophiques.

    La limitation des mandats successifs serait une solution (parmi d’autres) pour régler ce problème où l’élu n’aurait plus peur de ses décisions.

  2. gouverner , ce n’est pas seulement aussi ou surtout décider, c’est prévoir, anticiper !

    c’est triste de voir qu’il faille faire venir des experts extérieurs ( j’espère que tout cela, est , au moins gratuit pour le pays !)pour nous dire quelles sont les marges de manoeuvre en matière de sources d’économies et de réformes.

    l’autonomie prend un sérieux coup de reins!

    ce n’est pas sérieux!!

    Pensez-vous sérieusement que ces experts ont réussi en métropole à faire ce travail quand on voit la situation financière délicate de la France?

    à moins comme le dit hiro que cela soit un prétexte ou une connivance pour faire avaler à la population l’instauration de l’impôt sur le revenu en PF.

    depuis 2004, je n’arrête pas de dire qu’on va droit dans le mur , tous les clignotants et les symptômes sont là ! mais malheureusement on ne prend pas le temps de faire des exercices indispensables de rationalisation des dépenses inutiles et , ce , à tous les niveaux !

    c’est pourtant si facile pour un pays aussi petit que le nôtre !

    on sait exactement ce qu’il faut faire et on ne fait rien , chacun , à son niveau , car on manque de vrais chefs d’orchestres mais surtout on croit qu’après nous, c’est le déluge!!!!!! mais pas pendant , ni avant!

    pauvre génération montante, il ne fait pas bon être jeune de nos jours…Quelle désolante perspective!!

    la foire aux idées tous azimuts n’est pas digne de la PF surtout lorsque le sujet est aussi sérieux.

    A chaque diagnostic, une thérapie ciblée doit être pratiquée et ne peut laisser place à de l’amateurisme ou à des idées farfelues sans cohérence aucune!!

  3. Un petit lien qui explique à sa façon pourquoi nous en sommes là. Que ce soit ici ou en Métropole.
    Et ce film date de 1937…


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